Santos
Palmeiras
Sao Paulo
Corinthians

La rivalité à São Paulo

Au Brésil, la plus grande rivalité est celle présente dans l'état de São Paulo. Chaque confrontation entre deux clubs de l'état est toujours très tendue.

Les grands rivaux de São Paulo, que sont São Paulo FC, Palmeiras, Santos et les Corinthians, sont des clubs plein d'histoire. Dès 1900, le Clube Atletico Paulistano voit le jour à Sao Paulo.

le 1er septembre 1910, un groupe de travailleurs principalement italiens, créent, à proximité de Bom Retiro, sous les lumières d'une lampe d'huile, un club de football qu'ils vont appeler Corinthians car une équipe de football amateur anglaise, de passage au Brésil, appelée Corinthians après suggestion du premier président du club Charles Miller, venait de remporter un tournoi à Sao Paulo. Le but des fondateurs était de créer un club accessible à tous, dans lequel chacun pourrait s'exprimer, y compris les gens les moins aisés. En bref, le club se veut populaire.

Cet esprit est assez novateur au Brésil car, en ce début de siècle, le football au Brésil a été jouée principalement par les descendants et les personnes de British qui travaillent pour les compagnies britanniques, comme le chemin de fer de São Paulo.

Par ailleurs, dès le avril 1912, un autre club voit le jour à São Paulo sous l'initiative de Raimundo Marques, Mário Ferraz de Campos et Argemiro de Souza Júnior, fervents de sports. Ils nomment leur club Santos.

En 1914, c'est à nouveau sous l'impulsion d'une communauté parlant italien qu'un club va voir le jour dans l'état de São Paulo. Le club de la Societa Palestra Italie. Le club jouait en rouge, blanc et vert, les couleurs de l'Italie.

Un autre club va également être créé : le das Palmeiras d'Associaçao Atlética.

Les clubs de Palestra Italie et les Corinthians vont immédiatement se vouer une rivalité qui va se rapprocher de la haine. En effet, les deux clubs ont été créés par des italiens, et certains joueurs italiens ont quitté les Corinthians pour rejoindre le nouveau club, auquel ils s'identifiaient davantage, ce qui fut vécu comme une véritable trahison

La rivalité entre les cinq clubs est alors bon enfant, chacun des clubs s'affirmant, se forgeant une réputation, et remportant quelques titres.

En 1930, toutefois, deux de ces clubs vont stopper leurs activités, à savoir le das Palmeiras d'Associaçao Atlética, qui n'aura pas fait long feu, et le Clube Atletico Paulistano. Les joueurs et dirigeants de ces deux équipes vont alors s'unir, fondant le club "da Floresta de São Paulo", qui deviendra rapidement le São Paulo FC en 1935 après la fusion avec le club de Regatas Tietê, nécessaire car le club accumulait les dettes.

Il existe alors quatre clus de football à São Paulo, à savoir le FC São Paulo, Santos, les Corinthians et la Societa Palestra Italie.

Le 14 septembre 1942, en plein milieu de la seconde guerre mondiale, Societa Palestra Italie doit changer de nom. En effet, le Brésil prend le parti des alliés, et refuse que des clubs aient des connotations italiennes, allemandes ou autrichiennes. Ainsi, le club va devoir changer de nom, et devient Palmeiras. Cela n'apaisera en rien la rivalité entre les Corinthians et le déésormais club de Palmeiras.

Ces quatre clubs ne changeront plus de nom jusqu'à aujourd'hui, et leur rivalité va croître au fur des années, car le football prend de l'importance avec les années Pelé.

Edson Arantes do Nascimento, plus connu sous le nom de Pelé, va, avec le club de son coeur Santos, faire du football brésilien ce qu'il est aujourd'hui. Certes, Pelé n'était pas seul à jouer à Santos. Il y avait même d'autres joueurs d'exception dans cette équipe comme Coutinho ou Pepe, mais l'histoire ne retient que Pelé, le joueur qui, à 15 ans seulement, faisait le bonheur de Santos. En effet, dans les années d'or de Santos, qui s'étendent du début des années 60 à 1972, avec la retraite de Pelé, le club remportera 9 championnats d'état, et la bagatelle de 6 Copa Libertadores. Santos s'est alors attiré l'amour de tout le pays, et même du mode entier, car le club participait à des jeux d'expositions, étant même à l'origine d'une trêve dans la guerre au Congo en 1969. Ce jeu plein de folie était alors la marque de fabrique du club, qui ne laissait aucune chance à ses rivaux.

Après ces années dorées, Santos aura du mal à reconnaître de belle sannées, restant longtemps sans glaner le moindre trophée. Toutefois, le club a lié une rivalité avec les Corinthians, qui n'est peut-être pas très réciproque, mais, les oppositions entre les deux clubs sont un événement à Santos. L'ancien club de Pelé reprend toutefois du poil de la bête, depuis que sa figure emblématique est revenu, faisant marcher ses contacts pour redorer le blason du club. La dernière perle du club, Robinho a quitté le club pour le grand Réal récemment.

Quant au Corinthians, il connaîtra, au début des années 80, un mode de fonctionnement original, voire unique dans l'histoire récente. Atílson Monteiro Alves, un sociologue de formation et ancien militant universitaire, est nommé directeur sportif du club fin 1981. C'est lui qui en accord avec les joueurs instaurera le vote démocratique au sein du club pour toutes les décisions importantes, comme le rythme, les horaires et l'orientation des entrainements, la signature de nouveaux contrats, les mises au verts ("concentrações").. ces dernières seront d'ailleurs les premières victimes de la toute jeune Démocratie Corinthienne, les joueurs préférant nettement la responsabilisation plutôt que l'isolation forcée. Les résultats ne se feront pas trop attendre, puisque le Corinthians "démocratique" remportera deux titres paulistes consécutifs en 1982 et 1983, en proposant un jeu remarquablement créatif. De plus certains joueurs vont s'investir totalement dans le nouveau système de gestion, et en faire l'écho des nouvelles aspirations démocratiques du peuple brésilien, à une époque où le pouvoir militaire semble s'essouffler(*). Parmi eux le plus emblématique sera le grand (par la taille et le talent) "Docteur" Socrates, surnommé ainsi en raison des études de médicine qu'il poursuivit avant de devenir footballeur professionnel. Le signe le plus visible de cet engagement sera l'inscription "Democracía Corintiana" floquée sur les maillots du Corinthians de l'époque. En 1982, le pouvoir militaire fit une première concession aux multiples appels à la démocratie: l'organisation d'élections libres pour le gouverneur de l'Etat de São Paulo le 15 novembre. Alors que les maillots étaient encore vierges de tout sponsor au Brésil, les Corinthians se présentèrent alors en fin d'année sur le terrain avec le message "Día 15, vote" (le 15, votez!). Quelques mois plus tard, lors de la finale du championnat pauliste de 1983 au Morumbi (surnommé ce jour là "Morum-Bi" car le Corinthians était déjà tenant du titre), apparut dans les tribunes une célèbre banderole: "Ganhar ou perder, mas sempre com a Democracía" ("Vaincre ou perdre, mais toujours avec la Démocratie"). Cette banderolle sera portée en tour d'honneur par les joueurs en fin de partie. Très sollicité par les clubs européens, Sócrates fait une promesse en 1984: il reste au Brésil si le parlement rétablit une élection présidentielle au suffrage universel (le système d'alors et une élection par le parlement). A l'époque la fuite vers l'Europe des joueurs n'est pas encore considéré comme une fatalité. Malheureusement la manoeuvre sera un échec et le Docteur signera à la Fiorentina, où il restera deux ans. En 1985, la "Democracía Corintiana" perdit les élections internes du club, et le Corinthians redevint un club comme les autres. Le système d'élection parlementaire du président fut également maintenu, mais à la surprise générale, c'est le candidat de l'opposition, Tancredo Neves, qui sera élu. Peut-être que tout cela n'aura pas été inutile.. "Peu de Brésiliens ont la possibilité de faire des études et donc d'acquérir des notions de politique. Nous leur avons inculqué cette culture en utilisant la langue du football." (Socrates). (*) En 1980 le pouvoir a déjà été secoué par un mouvement militant mené par un leader syndicaliste charismatique de l'industrie automobile pauliste nommé Luiz Inácio Lula da Silva. C'est bien le même qui sera élu président quelques 20 ans plus tard, et qui n'a jamais caché qu'il était supporter du Timão depuis toujours.

S'il y a souvent quelques incidents entre ses rivaux, la situation ne peut pas être comparable à ce qui se fait en Argentine avec River et Boca qui se vouent une réelle rivalité. La multitude des clubs aux seins d'une même ville au Brésil, comme à São Paulo, limite les tensions lors des derbys, qui sont somme toute, trop fréquents pour susciter de réelles rivalités.

Plus que jamais, lors de ces matchs, la défaite est dure à supporter.

Football-Rivality - 2005

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